Libertinage

D’où vient le libertinage ?

Commençons par la définition : Le mot « libertin » vient du latin libertinus, qui désigne à l’origine un esclave affranchi à Rome.

Petit récapitulatif historique : Au XVIᵉ siècle, le terme prend un sens religieux : il sert à qualifier ceux qui s’écartent de la doctrine chrétienne, qui critiquent l’Église ou qui professent un esprit libre. C’est donc d’abord une accusation de mécréance.

Le libertinage intellectuel (XVIᵉ – XVIIᵉ siècles)

• Dans la France de la Renaissance et du début de l’âge classique, on parle de libertins érudits.
• Ce sont des penseurs sceptiques, rationalistes, parfois proches de l’athéisme (comme La Mothe Le Vayer, Gassendi, ou plus tard Spinoza).
• Ils défendent la liberté de penser contre la religion dogmatique et valorisent l’expérience, la science, l’observation.
• Le libertinage est alors un courant philosophique et intellectuel, bien avant d’être associé à la sexualité.

Le libertinage des mœurs (XVIIᵉ – XVIIIᵉ siècles)

• À partir du règne de Louis XIV, le mot prend une autre tournure. Il désigne alors ceux qui vivent en marge des normes morales, surtout dans le domaine de la sexualité.
• Le libertinage de mœurs consiste à rechercher le plaisir, à multiplier les conquêtes. On y retrouve la notion de rebelle, à refuser les contraintes sociales et religieuses sur la sexualité.
• On pense aux personnages littéraires comme le Don Juan de Molière ou le Valmont des Liaisons dangereuses de Laclos.

La luxure au siècle des Lumières

• Au XVIIIᵉ siècle, libertinage intellectuel et libertinage des mœurs se rejoignent.
• C’est alors que des écrivains comme Diderot, Crébillon fils, Casanova, Sade explorent à la fois la critique des institutions (Église, monarchie) et une exaltation de la liberté sexuelle.
• Ensuite seulement, le libertin devient une figure de la modernité : il incarne la contestation, l’individualisme, la recherche du plaisir comme art de vivre.

Enfin, après la Révolution française, le mot « libertinage » garde une connotation sulfureuse, associée à la débauche. Aujourd’hui, il renvoie principalement à la liberté sexuelle (échangisme, polyamour, pratiques érotiques assumées), mais son origine est bien plus large : un combat pour l’émancipation intellectuelle et morale.

Le libertinage naît au XVIᵉ siècle comme un courant intellectuel et critique contre la religion et les dogmes.
Au XVIIᵉ et XVIIIᵉ, il se double d’un courant des mœurs, prônant une vie libre et sensuelle.
Il reste donc à la fois une philosophie de liberté de pensée et une pratique de liberté des corps.